On aime travailler avec... #11 : Claire Reach

On échange aujourd'hui avec Claire, qui traduit depuis de longues années des ouvrages du catalogue.

Peux-tu nous résumer ton parcours professionnel et ce qui t'a conduite à la traduction ?


Je me suis lancée dans la traduction en 2005. Pendant mes études de lettres modernes et d’anglais à l’université, j’espérais trouver une activité qui combinerait mes centres d’intérêt : les langues, la littérature et les arts. Ce métier réunissait tout ce que j’aimais ! Ma première traduction m’a été aproposée par une éditrice qui, à l’issue d’un stage, m’a mis le pied à l’étrier en me confiant un court roman d’un auteur anglais. Après cette première expérience, j’ai démarché plusieurs maisons d’édition qui m’intéressaient, et l’on m’a proposé mes premiers ouvrages, dans des domaines variés. Pour pouvoir en vivre, j’ai dû traduire des documents de toute nature, ce que je ne regrette pas, car j’ai tiré des enseignements de chacun des projets auxquels j’ai participé.
Curieuse de découvrir la pratique de la traduction sous ses diverses facettes, je me suis familiarisée avec la traduction technique et les différents logiciels de traduction assistée par ordinateur, le sous-titrage, les jeux vidéo, la constitution de glossaires, le travail à plusieurs, la révision de traductions faites par d’autres...

Comment définirais-tu ton métier ?


Je suis tentée de faire un parallèle avec l’apprentissage de la lecture. Lorsque mon fils a commencé à lire correctement, il a très vite pris plaisir à lire des histoires à sa sœur, ses amis plus jeunes, heureux de partager avec eux des informations auxquelles lui seul avait accès. C’est ainsi que je vois mon métier : on possède une clé qui manque à d’autres. À nous d’être clairs, précis, fidèles au texte original, pour partager des contenus, quels qu’ils soient.

Qu'est-ce que tu préfères dans l'activité de traductrice ?


J’apprécie en particulier la variété des textes que je traduis, l’immersion que nécessite un ouvrage, les recherches à faire en amont, la découverte de nouveaux champs. Par exemple, lorsque je traduis un livre sur une technique artistique, c’est un vrai plaisir de tomber au fil des pages sur des artistes qui me sont inconnus, j’ai le sentiment d’être la première privilégiée à profiter de cette nouvelle œuvre. C’est notamment plus le cas lorsque je traduis pour un musée ou une galerie.
Mon activité est également synonyme de liberté : il y a autant de façons de travailler qu’il y a de traducteurs, et il faut s’adapter à chaque sujet, public visé, type de support. Outre la liberté de gérer son temps, on n’a jamais fini d’apprendre et de résoudre les problèmes qui accompagnent chaque projet. Dans chaque livre ou texte court, je suis confrontée à des formulations inédites, des expressions rares, des références à des faits culturels méconnus… Il n’y a pas meilleur moyen que la traduction pour se rendre compte de la richesse infinie des langues.
Enfin, on n’a jamais fini d’apprendre et de découvrir l’aspect linguistique de la culture d’un pays. Il peut s’agir d’une référence à une comptine ancienne, un dicton oublié, et qui réapparaît au détour d’un texte.

Y a-t-il une spécificité à traduire des ouvrages Pyramyd ?


Les ouvrages que j’ai traduits jusqu’ici pour Pyramyd abordent des sujets en profondeur et sont denses. Les auteurs sont des spécialistes dans leur domaine, et je dois le plus souvent faire des recherches terminologiques. Les livres contiennent souvent des glossaires, utiles pour le lecteur mais aussi pour le traducteur : c’est un moyen de fixer le sens exact des termes que l’on retrouvera régulièrement par la suite.
Mis à part Le Langage des objets, un essai de Deyan Sudjic, j’ai traduit des livres riches en illustrations. Contrairement à d’autres ouvrages, leur traduction nécessite un travail d’observation des images. Un va-et-vient quasi automatique se fait entre illustrations et textes, en particulier dans les ouvrages sur la photo, où chaque technique est décrite par la production d’un grand photographe.
Enfin, les ouvrages de Pyramyd proposent généralement des reproductions d’œuvres, accompagnées de légendes. Trouver le titre qui convient en français – les titres originaux peuvent être vraiment obscurs – nécessite parfois de mener une petite enquête : observer l’œuvre, réfléchir aux jeux de mots éventuels, etc.

Quel est ton favori au catalogue des éditions Pyramyd ?


Ma première collaboration a été une grande source de fierté : l’Anthologie du graphisme de Bryony Gomez-Palacio et Armin Vit, un ouvrage très complet, dans lequel je me plonge encore aujourd’hui pour redécouvrir les illustrations de graphistes qui ont bouleversé notre rapport à l’écrit et au visuel, et transformé l’environnement urbain. Mais mon favori est un petit ouvrage pratique, qui me sert dans chaque projet ou presque portant sur le graphisme : le Petit Manuel du graphisme. J’y reviens toujours pour me rafraîchir la mémoire, vérifier des données, chercher le terme adéquat.