Rencontre avec Deyan Sudjic

Le directeur du Design Museum de Londres, auteur du Langage des objets, nous fait le plaisir d'une petite conversation autour du design et des livres.


Votre livre, publié chez nous, se nomme Le langage des objets, voulez-vous dire que les objets nous parlent ? Quel genre de message peuvent-ils nous transmettre ?


Je ne suis pas certain… Soit ce sont les objets eux-mêmes qui nous adressent des messages, soit ce sont les designers qui utilisent le langage du design, pour nous transmettre les leurs. Les designers peuvent donner le sentiment que leurs objets sont « chers », importants ou encore féminins. Je me souviens que Patrick Le Quément, à l’origine du nouveau design de la Renault Twingo, m’avait dit qu’il avait pour consigne de créer une voiture encore plus mignonne qu’un petit chiot...


Nous avons publié votre livre dans la collection « :T » pour « texte ». Pensez-vous que le monde du design nécessite des textes et pas seulement des images ?


Je pense que ce doit être Tibor Kalman qui a écrit un texte merveilleusement blessant, qualifiant la plupart des écrits qui ont pour sujet le design comme de longues légendes pour décrire les images qu’elles entourent. Comme la plupart des auteurs, j’ai assez de vanité pour croire, ou tout du moins espérer, que je peux donner autant de force aux mots qu’à des images. Il y a certaines œuvres fondamentales dans lesquelles les images vont de pair avec les mots, je pense évidemment au texte de John Berger, Voir le voir. Mais Le Corbusier a lui aussi combiné des mots avec ses photographies. Elles n’illustraient pas les phrases du texte, mais étaient là pour faire polémique, tout comme lorsqu’il avait associé des temples de la Grèce antique avec des bateaux à vapeur, ou encore des cathédrales de style gothique avec des avions… Le secret est d’organiser les images de façon à ce qu’elles deviennent une sorte de texte aussi satisfaisant que le texte lui même. Mais, naturellement, le design nécessite de la clarté et une étude détaillée.


Quels sont, pour l’année à venir, les principaux projets du Design Museum, dont vous êtes le directeur ?


Le 24 novembre prochain, le Design Museum ré-ouvrira ses portes dans un nouvel espace : un monument construit en 1962 et restauré par John Pawson. Nous aurons désormais 100000 m2, trois fois plus d’espace qu’avant, pour accueillir encore plus de visiteurs. Nous avons pour objectif de faire venir 650000 personnes chaque année. Notre stratégie est d’être au design contemporain et à l’architecture ce que la Tate Modern est à l’art contemporain. Dans le but que le design fasse enfin partie du paysage culturel grand public.


Avez-vous des projets de livres ?


Mon prochain livre The Language of Cities sera publié en octobre au Royaume-Uni. Il traite de notre manière de comprendre les villes, et de l’influence que l’on a sur elles.