Rencontre avec Guillaume Lamarre

Auteur de La voie du créatif, Guillaume Lamarre nous a accordé un entretien inspirant.


Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton parcours ?
J'ai un parcours assez atypique. Je possède une licence en littérature américaine. Après mes études, j'ai enchaîné les postes administratifs, avant de tout lâcher et de me consacrer au design graphique. J'ai été diplômé de l'École des métiers de l'information, travaillé quelque temps en freelance avant d'intégrer le Groupe Moniteur, où je suis devenu directeur artistique et conseiller éditorial pendant douze ans. J'ai quitté cette entreprise, il y a 3 ans.
Depuis, j'ai été diplômé de Sciences-Po en communication et monté ma propre agence, Sherkan Conseil. J'accompagne des marques et des collectivités pour élaborer leur stratégie de contenus, et assure leur direction artistique. J'enseigne, par ailleurs, les techniques du storytelling, notamment pour le compte du CFPJ.


Pourquoi écrire un ouvrage sur la créativité ?
 
C'est très simple, en fait. J'ai écrit le livre que je voulais lire. J'ai toujours eu l'intuition que pour se consacrer à la création il fallait absorber ce que les maîtres avaient réalisé avant nous. J'avais, également, la conviction que pour parvenir à ses fins, il fallait mettre en place un mode de vie permettant de se consacrer pleinement et sereinement à son activité. J'ai très vite compris que la créativité n'était pas aussi magique que ce que l'on voulait nous faire croire. J'en ai donc toujours cherché les recettes, avant de comprendre qu'il fallait passer par là pour inventer ses propres méthodes. Ce livre rassemble tout ce que j'ai découvert et développé pour y parvenir.

Est-ce en créant que l’on devient créatif ou est-ce une donnée de départ ?


C'est une question piège ! Car il y a un peu des deux. Au départ, nous sommes tous aussi créatifs les uns que les autres. Enfant, notre imagination est sans limites. Nous créons à la demande sans la peur de ne pas parvenir à réaliser ce que nous désirons et sans hésiter à recommencer là où nous avons échoué. Puis, les années passent, nous accumulons des étiquettes à notre sujet, des réserves et surtout une soi-disant personnalité. Par dessus le marché, notre système éducatif participe à brider notre potentiel créatif. L'école condamne l'erreur et privilégie les profils les plus enclin à suivre une route tracée par d'autres.
Mais pour être créatif, il faut également créer sans relâche. Il n'y a qu'en pratiquant que nous pouvons acquérir deux qualités essentielles : le détachement et le relâchement. La créativité est une science de la résilience. Cette science ne s'apprend qu'en pratiquant pour parvenir à respecter notre ouvrage sans pour autant le sacraliser.


Quels sont les trois conseils de ton livre que tu appliques tout particulièrement ?


Le premier, et je l'ai cité pour la deuxième question, c'est "Écrivez le livre que vous voulez lire !". Je m'évertue à l'appliquer quelle que soit la tâche que j'ai à accomplir : un site, une journée de formation ou la nouvelle formule d'un magazine.
Le second est "Jardinez !". Je suis assez vigilant en ce qui concerne mon hygiène digitale. J'essaye de cantonner mes temps de présence sur les réseaux sociaux à quelques minutes par jour. Chrono en main ! Sauf lorsque j'ai des recherches à faire, je ne vais jamais sur internet avant d'effectuer mes tâches les plus importantes. Je consacre tout mon temps libre à la lecture, romans, essais ou biographies peu importe. Comme le disait Shakespeare, je remplis mon grenier en vue des hivers rigoureux.
Le dernier précepte, que j'aime appliquer, c'est "Feck perfuction !" Un conseil que j'ai piqué au graphiste et mentor américain James Victore. La perfection est un piège séduisant pour le créatif. Vouloir créer du premier coup le plus parfaitement possible est une grande source de procrastination. Il s'agit de commencer, peu importe où et peu importe comment, que ce soit au dos d'une enveloppe, sur une nappe ou en plein milieu de ses courses. "Feck perfuction", donc, pour démarrer son projet, mais également pour le terminer. Car créer, c'est délivrer et savoir lâcher son ouvrage au bon moment. Tout le talent étant de savoir quand il est prêt à être offert au monde !