Publié en 2016, Conversation avec Kitty Crowther est le premier livre de la collection « Conversation avec » – dont nous avions parlé ici, et qui sera bientôt complétée par un entretien avec Paul Cox. Passionnée par le travail de l’artiste mondialement connue, l’auteure Véronique Antoine-Andersen l’a rencontrée et a couché le fruit de leur échange sur les pages de cet ouvrage. Cette monographie propose une véritable découverte visuelle de l’œuvre de Kitty Crowther, et fait entendre sa parole avec intimité et simplicité. En revenant sur son enfance, ses techniques et ses inspirations, l’artiste dévoile au lecteur son univers merveilleux, intense, sombre, tendre et onirique. Richement illustré, ce livre donne à voir le travail d’une artiste prolifique bénéficiant d’une grande renommée dans le paysage de l’édition pour la jeunesse, comme dans celui de l’illustration pour les adultes. Nous vous proposons aujourd’hui d’en découvrir quelques extraits.
Si l’on évoque ton enfance, quelles images ou souvenirs te viennent à l’esprit ?
Je suis née malentendante et la première image qui me vient, c’est la solitude que j’ai vécue parce que j’entendais mal. (…) J’avais une excellente mémoire visuelle qui impressionnait ma mère. On avait beaucoup de livres à la maison. Je crois que je me suis complètement évadée dans les images. J’ai énormément lu. Le visuel a pris le dessus.
Tes histoires mêlent étroitement l’animé et l’inanimé, le naturel et le surnaturel, le réel et l’irréel. Tu parles, à propos de certains albums de réalisme magique. Qu’entends-tu par ces mots ?
J’ai envie de dire à mes lecteurs : « Habituez-vous à ne pas tout contrôler dans votre tête. La réalité est incontrôlable. » (…) J’invite les lecteurs à arrêter de contrôler leur petit royaume. Du coup, je suis très à l’aise avec cette notion de magie, d’invisible et de non perceptible. (…) Cela nous oblige à réfléchir autrement.
Que trouve-t-on dans ta boîte à outils ?
Des crayons ! J’employai une marque américaine Karisma, géniale et magnifique. Malheureusement, l’usine a fermé. Ils avaient un aspect gras qui faisait que tu appuyais à peine pour obtenir un trait. Il y avait un vert extraordinaire, que j’ai utilisé dans Scritch scratch clip clapote, que je n’ai jamais retrouvé ailleurs.