Aujourd'hui, on reçoit Caroline, qui a travaillé sur de nombreux titres du catalogue. L'occasion de parler graphisme et édition !
Qu'est-ce qui t'a conduite au graphisme ?
Petite, je n’ai jamais témoigné aucune vocation classique de petite fille comme maîtresse d’école, coiffeuse ou vétérinaire. Ça a toujours été évident : je voulais « faire du dessin ».
Je prenais déjà des cours de peinture au CP. Mais artiste-peintre, non, c’était pas mon truc. J’avais plus envie de faire de « l’art appliqué ». Oui, mais lequel ?
Lorsque mes parents ont acheté l’album de Grease, j’ai été fascinée par le logo sur la pochette. Il avait la forme des voitures décapotables que l’on voyait dans le film, avec le G et le S qui forment les roues, et le pare-brise, à peine esquissé. Ça n’était pas seulement un mot dessiné, ça avait un sens derrière le simple lettrage. J’en ai passé, des heures, à le reproduire ! Je voulais comprendre la magie. Ma passion pour la typo a véritablement démarré à ce moment-là.
Et puis, pendant un cours, ma professeure de dessin a feuilleté avec nous un magazine pour nous prouver que tout était art. À chaque page, elle nous expliquait la structure, l’équilibre de la mise en page, l’ambiance graphique, l’intention, etc. Je n’ai plus jamais regardé aucune page de la même façon. Dès lors, j’ai eu « besoin » de faire ce métier.
As-tu un "style" graphique ? Comment le définirais-tu ?
Qu’on se rassure, mon intérêt pour le logo de Grease a évolué (j’avais 9 ans !).
Un style graphique ? Mmm… Si c’est le cas, c’est bien involontaire.
Ma religion, c’est que la forme doit se mettre au service du fond. Je ne sais rien faire sans concept, sans réfléchir aux intentions éditoriales ou commerciales. Après, c'est le cœur de mon travail que trouver une identité graphique.
J’espère même ne pas avoir de style, j’aurais l’impression de me contraindre – donc de contraindre mes clients – et de ne pas évoluer.
Quelles sont tes références, tes modèles, tes inspirations ?
Mon fantasme : voir un maximum d’expos, comme George Lois – parce qu’il n’y a rien de mieux que voir un tableau « en vrai » – ou encore réaliser des œuvres persos qui nourrissent ma créativité, comme Sagmeister – parce que c’est le meilleur moyen pour pousser l’expérimentation.
La réalité : je n’ai pas le temps,… ou je ne prends pas le temps !
Alors au quotidien, je fais l’éponge. Je surfe pas mal le weekend, pour un oui ou pour un non.
Mais c’est plus efficace lorsque je me balade dans la rue : je suis sollicitée par beaucoup d’informations, accrochée par des couleurs, une architecture, une situation. J’essaie de comprendre ce qui m’a plu et pourquoi. Comme un photographe, je cadre un détail. Et puis je le range dans ma bibliothèque de souvenirs… Après, j’aime à croire que mon cerveau travaille tout seul pour le ressortir au bon moment. Je suis à fond là-dessus en ce moment : laisser parler l’instinct.
Il vous faut vraiment un nom ? Je dirais Philippe Stark. Parce qu’il s’intéresse d’abord à la fonction des objets qu’il dessine, il expurge. Il fait des choix et se concentre dessus. Ses créations sont comme évidentes. Pourtant, ce qui semble simple est souvent le plus difficile à réaliser.
Quelle a été ta première collaboration avec les éditions Pyramyd ?
Après un petit dépannage pour terminer un livre, l’équipe m’a confié la couverture du . J’étais en panique ! Il fallait être à la hauteur du sujet ET de l’éditeur.
Je travaille souvent avec des agences et il faut (trop) souvent tenir compte des goûts des clients, même s’ils font contresens avec l’objectif visé. Alors, par réflexe, j’ai demandé à Christelle et Céline ce qu’elles aimaient, et lorsqu’elles m’ont répondu : « c’est toi la graphiste », ça m’a coupé la chique : c’était bien la première fois que l’on me faisait confiance.
Il faut dire que mes collaborations avec Pyramyd m’ont beaucoup aidée à prendre ma place, à m’affirmer. Et les remarques de Céline et Christelle améliorent mon travail, et non l’inverse, ce qui est très rare…
Si vous deviez définir en un mot le travail avec Pyramyd ?
Confiance.