Nous avons eu l'occasion d'échanger avec Guillaume Lamarre au sujet de son nouveau livre L'art du storytelling. Retour sur une rencontre inspirante autour d'un livre qui ne l'est pas moins !
Quelles ont été tes motivations à écrire cet ouvrage ?
J'ai toujours été fasciné par les histoires, leur mécanique et surtout leur capacité à nous transporter et à imprégner nos âmes. Depuis cinq ans, je m'intéresse particulièrement au storytelling. Un mot valise dans lequel on fourre à peu près tout et n'importe quoi. Je voulais donc éclaircir le concept et surtout expliquer de quel bois le storytelling se chauffait. Il y a quelques années, j'ai écrit un mémoire sur le procédé lors de mon executive master à Sciences Po. Je me suis aperçu des limites des nombreux ouvrages traitant de la question. J'ai donc conçu le livre que j'aurais bien voulu lire à l'époque.
Quels sont les grands principes du storytelling ?
Appliqué à la communication, il s'agit d'une technique qui permet de transmettre un message sous la forme d'un récit. Peu importe le support, le storytelling s'applique autant à un spot publicitaire, une affiche, un site web ou une prise de vue photographique. L'un des principes essentiels du storytelling c'est qu'il est basé sur la mise en scène d'un conflit. Pour faire simple, une histoire se résume à un protagoniste désirant accomplir quelque chose et qui trouve sur sa voie des obstacles pour l'en empêcher. Tout l'attrait d'une histoire efficace est dans sa capacité à nous tenir en haleine pour savoir si le personnage en question parviendra à ses fins. Plus les difficultés seront grandes, plus l'histoire sera intéressante. Du coup, un bon storyteller est un peu comme un sale gosse dans une cour de récré : il passe son temps à chercher la bagarre.
Quels grands « raconteurs d’histoires » t’ont influencé ? Qu’as-tu tiré de ces modèles ?
Ils sont si nombreux… Je suis passionné de littérature américaine, un grand nombre d'auteurs m'ont profondément marqué : Jim Harrison, Cormac McCarthy, Elmore Leonard et tant d'autres. Et puis Shakespeare, bien sûr, dont la langue en mouvement influence encore tellement les histoires qu'on nous raconte aujourd'hui. Difficile, du coup, de ne pas évoquer les showrunners qui créent et écrivent les séries. Je pense à David Simon, l'auteur de The Wire ou Treme, Nick Pizzolatto pour True Detective et Vince Gilligan celui de Breaking Bad. Au niveau de la communication publicitaire, comment ne pas citer David Ogilvy, le maître ? Et puis parmi nos contemporains, il y a l'australien David Droga ou encore le directeur artistique britannique John Hegarty.
Quels conseils majeurs donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite communiquer efficacement ?
L'art est un acte de libération. Le design — et le storytelling est une forme de design— est un acte d'empathie. L'empathie n'est pas qu'une qualité, c'est une compétence qui se travaille, se cultive. Avant de raconter quoi que ce soit, il faut s'intéresser profondément à son public. Un bon storytelling ne raconte jamais l'histoire de celui qui la raconte, c'est toujours l'histoire de celui ou celle qui l'écoute.
As-tu d’autres projets d’écriture ?
J'ai attaqué depuis quelques semaines l'écriture d'un roman. Une démarche qui, même si elle en reprend certaines règles, m'oblige à me détacher du storytelling en tant que tel et à me laisser porter par le récit lui-même. C'est passionnant et en même temps extrêmement difficile et exigeant. Et puis, j'ai dans l'idée d'écrire un livre sur les séries, sans doute en lien avec mes sujets de prédilection : le design, la créativité et le storytelling. À suivre donc…