Spécialiste de la mode à l'échelle internationale, directeur exécutif de la Boston Fashion Week et enseignant, Jay Calderin est l'auteur de notre guide pratique de référence sur le sujet. Il a accepté de répondre à quelques questions à l'occasion de la parution de son ouvrage.
Bonjour Jay. Pouvez-vous s'il vous plaît nous expliquer ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
Il me semble que la plupart des gens ont une définition très étroite de ce qu'est la mode. Et ce n'est pas de leur faute. Les médias s'attachent principalement à la dimension de divertissement de la mode (les tapis rouges, les réseaux sociaux, la télé-réalité, qui n'a pas grand chose de réel). Certes tout ceci a de la valeur et peut nous amuser, mais il y a tellement plus à connaître. J'ai dédié ma vie professionnelle à la mode, aussi c'est un grand privilège de pouvoir transmettre à un public nouveau toute la complexité des processus à l'oeuvre dans cette industrie.
Si vous poursuivez une carrière dans le domaine, ou simplement que vous l'appréciez, il me semble indispensable d'élargir votre définition de ce qu'est la mode. Je souhaitais que le livre soit assez complet pour que le lecteur ait une vue d'ensemble tout en m'efforçant de donner toutes les informations nécessaires sur chaque sujet. Je l'ai aussi écrit comme un guide de référence, dont on continue à se servir après la première lecture.
Comment avez-vous travaillé sur ce projet de livre ?
J'ai commencé en documentant le processus de création tel que j'avais pu l'expérimenter lors de ma formation à la High School of Fashion Industries de New York, de mes années de designer professionnel et des cours que j'avais dispensés. J'ai ensuite pu me consacrer à mon passe-temps favori, la recherche. J'ai appris tant de choses et j'ai eu l'opportunité d'échanger avec de grands professionnels de la mode pour lesquels j'avais une grande admiration.
Après que j'ai collecté plus de contenu que ce que je ne pourrais jamais faire entrer dans un seul ouvrage, je l'ai édité en suivant un cycle créatif, qui reflétait la nature même du cycle de notre industrie.
D'après vous, quelles qualités principales doit-on posséder pour réussir dans le domaine de la mode ?
Je pense que pour être un bon professionnel, il faut des connaissances et des compétences pratiques. Les deux réunies forment de solides fondations pour se développer et pour attirer les employeurs potentiels.
S'immerger dans l'histoire de la mode permet d'acquérir des références importantes et un grand respect pour cette industrie. La confection constitue le coeur de cette dernière, il est donc indispensable d'être capable de renseigner et d'exécuter la production d'un vêtement, ou au minimum de la comprendre suffisamment pour pouvoir diriger une équipe qui en est responsable.
Beaucoup de gens soulignent l'importance de posséder sa propre voix, son point de vue. Mais cela vient avec le temps. Le définir trop tôt ne rend pas service aux créatifs. Il me semble plus important d'être passionné, curieux et toujours en train de créer.
Quels vont être pour vous les changements les plus importants à venir dans les dix prochaines années dans l'industrie de la mode ?
J'espère que, durant la prochaine décennie, nous intégrerons pleinement les questions de justice sociale et de problèmes environnementaux dans nos processus créatifs, tout particulièrement dès la formation des créateurs de mode.
Je suis par ailleurs convaincu que plus la technologie sera ouvertement intégrée dans nos espaces et nos matériaux, plus les designers pourront dépasser ces nouveautés technologiques et leur permettre d'apporter une véritable innovation.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je m'amuse beaucoup à explorer de nouvelles frontières. En un sens, je reviens aux basiques, mais avec de nouveaux outils. J'apprends le dessin de mode en réalité virtuelle. J'expérimente également la réalité augmentée, comme outil de partage de contenus de mode dans l'espace public. Et en studio, je me mets au défi de créer des patrons zéro-déchet et de concevoir des projets textiles zéro-déchet.