Auteur du mystérieux Surnaturelles, Philippe Baudouin nous rend visite et nous en dit plus sur le fascinant sujet et la réalisation de cet ouvrage.
Bonjour Philippe. Pouvez-vous s'il vous plaît vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Je suis réalisateur radio et, depuis peu, maître de conférences associé en sciences de l'information et de la communication à l'université Paris-Saclay. Philosophe de formation, j'ai consacré mes travaux de fin d'études à la question de l'histoire de la radio, et plus précisément, des émissions de radio pour enfants que rédigea le philosophe allemand Walter Benjamin durant l'entre-deux-guerres.
D’où vous vient votre intérêt pour l’occultisme ?
Je crois que c'est principalement le cinéma fantastique des années 1970 et 1980 qui m'a conduit à m'intéresser aux phénomènes occultes. Je pense bien sûr à des films connus comme Ghostbusters (Ivan Reitman, 1984 et 1989) ou des productions un peu plus confidentielles du cinéma britannique comme La Maison des damnés (John Hough, 1973). Il y a également la télévision, avec des émissions consacrées au paranormal comme Mystères, diffusée sur TF1 dans les années 1990 et qui m’empêchait souvent de trouver le sommeil ! Et puis, naturellement, il y plusieurs séries télévisées, plus ou moins récentes. C’est le cas de La Quatrième dimension, de X-files : Aux frontières du réel sans oublier Fringe. À côté de cela, il y a la littérature qui m'a incité à mener des recherches sur toutes ces questions. À commencer par Walter Benjamin qui évoquait en 1931, dans son article "Petite histoire de la photographie" la question de l'aura, ce halo mystérieux, presque surnaturel, qui entourait les visages sur les premiers daguerréotypes. Puis, c'est sans doute la découverte de deux ouvrages majeurs, relatifs à ce thème, qui ont été déterminants de cette recherche que je conduis depuis plusieurs années : Le Livre des damnés de Charles H. Fort (1955) et Le Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier (1960).
Pourquoi avez-vous eu spécifiquement envie d’écrire un livre sur les femmes médiums ?
À l'origine de ce projet se trouve en réalité une invitation que m'avait faite la rédaction de la revue Modes pratiques, consacrée à l'histoire de la mode et du vêtement. Connaissant mes précédents articles et ouvrages sur le sujet, Manuel Charpy, Patrice Verdière et Gil Bartholeyns m'avaient proposé de rédiger un article sur l'histoire des vêtements de médiums. Si, au premier abord, la question de l'habit m'était totalement étrangère, je me suis rendu compte assez rapidement que, derrière son apparente superficialité, se cachait derrière cette problématique d'importants enjeux. Des enjeux à la fois sociaux, politiques et culturels qui interrogeaient, chacun à leur manière, le statut de ces femmes, leurs pouvoirs, ainsi que leur place dans la société de l'époque.
Pourquoi le proposer à un éditeur comme Pyramyd éditions ?
De par leur intérêt pour le graphisme et l'image photographique, les éditions Pyramyd me semblaient les mieux à même de concevoir un tel livre. C'est d'ailleurs le magnifique livre de Cyril Abad qui m'a définitivement convaincu de soumettre ce projet d'ouvrage à Pyramyd éditions.
Quelle a été votre méthode de travail pour ce titre ?
Cet ouvrage a été conçu en étroite collaboration avec Christelle Doyelle et Céline Remechido. Avec elles, l'idée d'un véritable livre de photographies s'est rapidement imposée. Pour aborder l'histoire des femmes médiums, il fallait naturellement revenir sur les différents récits liés au spiritisme et à leurs représentantes, mais surtout donner la part belle à l'iconographie. Pour ce faire, j'ai sollicité un vaste réseau de centres d'archives spécialisés en France et en Europe, mais également aux États-Unis et au Canada. Pendant plusieurs mois, je me suis rendu sur place ou, le cas échéant, j'ai bénéficié, à distance, d'une aide précieuse de la part des archivistes pour mettre la main sur ces documents étonnants. Je pense notamment aux images de la médium Marthe Béraud que conserve actuellement l'Institut métapsychique international, à Paris, aux photographies de séances issues du fonds de la famille Hamilton à l'université du Manitoba, au Canada, ou bien encore aux nombreux photographes et collectionneurs privés comme Yves Bosson, Steve Caillat et Tony Oursler, qui m'ont considérablement aidé durant ce travail.
Quels sont vos projets en cours et à venir ?
Je viens de publier récemment un beau livre intitulé Apparitions chez Hoëbeke (Gallimard) consacré aux "archives de la France hantée". Cet ouvrage revient sur douze enquêtes qu'ont menées, entre le XIXe et le XXe siècle, des représentations du monde judiciaire et scientifique dans le domaine des phénomènes inexpliqués. Je suis également commissaire d'une exposition intitulée "Fantographie" et consacrée aux photographies de fantômes. Celle-ci se tient du 4 novembre au 18 décembre prochain à la Maison d'Auguste Comte, dans le cadre du festival Photo Saint-Germain.
Photo © Rachel Van De Meerssche