Rédactrice en chef de Mosaïque magazine et autrice de Mosaïque, Renée Malaval Antoine nous en dit plus sur sa passion pour cette discipline et sur l'ouvrage qu'elle a signé aux éditions Pyramyd.
Bonjour Renée. Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
J'ai grandi à Montpellier, où j'ai obtenu un diplôme d'écologie de l'Université des Sciences et Techniques du Languedoc, et j'ai débuté ma carrière dans le domaine scientifique. J'ai découvert la mosaïque au cours des années 1990 de manière fortuite. Cette rencontre a été pour moi une révélation et j'ai immédiatement entrepris une formation auprès de maîtres mosaïstes internationaux. Je suis directrice de la publication de Mosaïque Magazine, revue que j'ai créée en 2010 avec Gilles Antoine, et qui est aujourd'hui encore la seule revue internationale consacrée à l’art de la mosaïque contemporaine.
Comment décrirais-tu la mosaïque contemporaine à quelqu’un qui ne la connaît absolument pas ?
La mosaïque est l'art de la fragmentation et de l'assemblage. Elle a une histoire vieille de plusieurs milliers d'années, c'est un véritable langage avec sa grammaire et ses règles. Dans la mosaïque, le travail de la matière est très important. Il donne sa dimension à la mosaïque, une dimension qui lui est propre, qui n'est ni celle de la sculpture ni celle de la peinture. Il est extraordinaire de voir le foisonnement des formes que prend la mosaïque contemporaine, de comprendre comment chaque artiste transgresse les règles pour s'approprier ce médium afin de s'exprimer, de voir le résultat de leurs recherches. C'est un art encore trop peu connu mais en plein essor. Je suis ravie de la collaboration avec les éditrices de Pyramyd qui, pour la première fois, donnent une visibilité à l'art de la mosaïque.
Comment as-tu effectué le travail de sélection des artistes pour cet ouvrage ?
Ce livre est construit comme une mosaïque. Dans une mosaïque, chaque tesselle a sa personnalité. Elle peut être taillée dans la même matière que sa voisine, ou avoir la même couleur, elle est pourtant différente. L'artiste qui assemble les tesselles choisit quelquefois une tesselle qui a une forme bizarre alors qu'il écarte une belle tesselle. Une autre peut attirer l'attention simplement par la façon dont elle est posée. Ce qui importe c'est l'équilibre, l'harmonie du résultat final.
C'est la même chose pour ce livre. J'ai réuni des artistes, des femmes et des hommes venus des cinq continents, qui ont développé une expression personnelle ou plus traditionnelle, et qui composent un ensemble remarquable.
As-tu des artistes ou des styles favoris dans la sélection ?
La rédaction de Mosaïque magazine m'a amenée à rencontrer des artistes magnifiques, à entrer dans leurs ateliers. Dialoguer avec chacun d'entre eux fait prendre conscience de la façon dont ils s'investissent dans leur art et certains déploient, au-delà de leur œuvre personnelle très riche et très aboutie, une énergie considérable à la promotion de la mosaïque : je peux citer Gérard Brand, Giulio Menossi, Felice Nittolo, Toyoharu Kii ou Enzo Tinarelli.
Il y a aussi dans ce livre des artistes qui ne font aucun bruit médiatique mais qui réalisent des œuvres époustouflantes, comme Valérie Colombel.
La mosaïque italienne est extrêmement dynamique avec des expressions aussi diverses que celles de Silvia Naddeo, du collectif CaCO3, de Valeria Ercolani, Orodè Deoro et Luca Barberini.
Tous devaient être présents et j'apprécie le travail de chacun.
Je suis personnellement attirée par le street art, et par ailleurs, très sensible à l'expression que les mosaïstes du Japon ont su développer.
Enfin, je suis très heureuse que le grand artiste ghanéen El Anatsui figure dans ce livre. Et j'admire par dessus tout le travail de Marco De Luca qui fait l'unanimité parmi ses consœurs et confrères.
Quels sont tes projets actuels ?
Retourner dans mon atelier : voir le travail des artistes est très stimulant et me donne envie à mon tour de transformer mes idées en mosaïque. Je travaille sur le thème du réchauffement climatique : la mosaïque que je viens de terminer, en marbre de Carrare, s'intitule Requiem pour un glacier.
Je prépare parallèlement le prochain numéro de Mosaïque magazine, qui sera entièrement dédié au street art en mosaïque.