Auteur de Réussir son portfolio et son site web, Jonathan Munn nous en dit plus sur ce projet et sur ce sujet si sensible pour les créatifs.
Bonjour Jonathan, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Bonjour. Je suis Jonathan Munn. Comme mon nom (et mon accent) l'indique, je suis d’origine britannique, même si je vis en France depuis mes 20 ans.
En France, j’ai occupé différents postes dans les industries graphiques et la publicité : directeur artistique, mais aussi chef de studio, exé, maquettiste… Il y a environ 10 ans, afin de dépanner un ami devenu directeur d’une école de design numérique, j’ai accepté de donner des cours pour remplacer un prof absent. Après pas mal d'hésitations initiales, j’y ai pris goût et, quelques années après, je suis devenu prof quasiment à temps plein.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire cet ouvrage ?
C’est à force de dire les mêmes choses aux étudiants lors des workshops et des jurys de book. J’ai commencé par chercher un livre, voire un site web, qui regrouperait les remarques et conseils qui revenaient constamment, sans en trouver. J’ai donc commencé à les noter. Et à force de les accumuler, mes notes sont devenues un livre.
Mais il y a aussi un élément déclencheur qui m’a incité à poursuivre et à terminer. J’assistais à un jury de book dont faisait partie un ancien étudiant, sorti de l’école depuis un peu plus de cinq ans. Dans mon souvenir, il était plutôt fêtard et partisan du moindre effort (voilà pourquoi je ne donne pas son nom, mais depuis, il a fait un très bon parcours de carrière dans la publicité et remporte régulièrement des prix pour ses campagnes et ses créations. Je m’apprêtais à parler à l’étudiant qui se présentait devant nous quand cet ancien étudiant devenu collègue a pris la parole et j’ai entendu exactement ce que j’aurais dit (et ce que j’avais sûrement déjà dit à l’étudiant en question quand il fréquentait l’école). J’ai ri. Mais j’ai aussi pensé qu’à force de répétition les conseils avaient fini par rentrer, et que donc, je n’avais pas tout à fait tort…
Comment avez-vous construit votre livre ?
Laborieusement ! Et je ne blague qu’à moitié. J’ai repris le manuscrit en cours au moins trois ou quatre fois sans que cela me donne satisfaction. L’été dernier — après l’incident dont je parle lors de la précédente question — j’ai décidé de tout reprendre à partir de zéro. J’ai imprimé toutes les pages. J’ai tout étalé sur une table chez moi, pour tenter de construire des ordonnancements logiques. Parfois, c’est nécessaire de voir les séquences et agencements en vrai, devant soi — d’ailleurs c’est un technique dont je parle dans le livre. C’est alors que j’ai trouvé la structure actuelle, qui m’a semblé pertinent, logique et utile.
En fin d’été, j’ai envoyé un exemplaire (en l’état) à des collègues, des anciens étudiants avec qui j’ai gardé le contact, ainsi que des étudiants actuels, afin qu’ils me donnent une réaction. J’ai eu des remarques pertinentes, des suggestions utiles, et enfin des encouragements à continuer. Une réaction typique venait d’une ancienne étudiante : "C’est le genre de livre que j’aurais aimé avoir pendant mes études".
Quels sont d’après vous les trois conseils à garder en tête avant de commencer son portfolio ?
Avant de commencer ? Achetez mon livre !
Sérieusement, si je pouvais tout réduire à trois conseils, j’aurais gagné beaucoup de temps et surtout évité d’y consacrer tant de réflexion et d’énergie à le mettre en forme.
Quel est le principal écueil à éviter ?
Là je dirais qu’il y en a deux.
Premièrement, on n'a jamais assez de sauvegardes. Sur place, dans le cloud, en physique, en numérique. C’est dans la nature des choses que les copies se perdent ou se dégradent ; les disques durs meurent, on déménage, on oublie. Puis, un café renversé ou le chat qui souffre d’incontinence… et le travail est abîmé ou perdu… C’est d’autant plus grave de nos jours avec les supports, les créations, les croquis etc. de plus en plus numériques, dématérialisés. Sans copie de sauvegarde, vos créations et vos productions n’existent plus.
Puis, en deuxième , vous n’êtes ni le client ni le public pour votre book. Il ne s’agit pas de ce qui vous fait plaisir, de ce que vous aimez, mais ce que vous cherchez à dire à votre public ou votre cible — entreprise, agence, clients potentiels, écoles, employeurs. Il faut absolument se mettre à leur place et construire son book en conséquence.
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