Une petite conversation avec Paul Cox, au sujet d'une bien plus longue Conversation qu'il a accordée à Sarah Mattera.
Comment avez-vous réagi lorsque nous vous avons proposé d’entrer dans la collection « Conversation » ?
J’ai été extrêmement heureux bien sûr, et honoré, et d’autant plus heureux de savoir que l’entretien serait mené (et le livre écrit) par Sarah Mattera, que je connaissais par certains projets menés au centre Pompidou où elle travaillait. Et puis j’étais content et ému de retrouver les éditions Pyramyd, et Céline Remechido, car c’est avec elle et cette belle maison que l’on avait fait un tout premier livre sur mon travail il y a bien longtemps, une quinzaine d’années. Mais j’étais aussi intimidé, car j’avais lu et adoré le premier volume de la collection, celui sur Kitty Crowther, qui met la barre très haut!
Affiches pour le Théâtre du Nord à Lille, 2016-2017
Qu’est-ce qui a été le plus amusant à raconter, et le plus difficile ?
En fait rien n’a été difficile à raconter, car Sarah a mené les conversations avec une telle aisance que j’oubliais tout à fait pour quelle raison nous conversions et que j'étais juste content de parler à une amie !
Le plus amusant à raconter – ou en tout cas le plus touchant et bouleversant pour moi – étaient deux souvenirs d’enfance.
D’une part, le moment où j’ai décidé que ma vocation était la peinture et non la musique à laquelle je me destinais enfant (je raconte comment, pour l’anniversaire de mon père, qui était compositeur, je lui avais composé un morceau pour piano à la manière de Vivaldi, mais qui s’est avéré cacophonique, alors que le dessin dont j’avais orné la couverture de ma partition était plutôt réussi – je ne donne pas tout le détail de l’histoire, mais invite plutôt le lecteur à les découvrir dans le livre !).
D’autre part, j’ai raconté avec plaisir les circonstances qui m’ont permis de rencontrer, enfant, le peintre Pierre Alechinsky qui a eu une grande importance pour moi, ainsi que d’autres peintres du groupe Cobra, grâce à l’initiative d’une prof de français qui invitait ses élèves à rédiger, tout au long de l’année, un mémoire sur un sujet qui nous tenait à coeur – j’avais choisi le groupe Cobra, donc.
Dans l’atelier en Bourgogne, 2018
Est-ce que cela peut apporter quelque chose à votre travail artistique de prendre ainsi du recul sur votre parcours ?
La conversation avec Sarah a été l’occasion de prendre le temps de réfléchir à des aspects de mon travail sur lesquels je n’ai en général pas trop de recul, tant tout va toujours trop vite, dans mon emploi du temps, et que je ne trouve pas suffisamment de temps, souvent, pour regarder et analyser ce que j’ai fait. Tout s’enchaîne si vite toujours !
Donc cet arrêt-là a été très bénéfique pour moi. Mettre des mots, que j’espère pas trop maladroits ni embrouillés, sur des pensées qui chez moi sont plutôt des pensées purement plastiques (se passant de mots), a été très éclairant pour moi, et je l’espère modestement, pour le lecteur, à qui j’espère avoir transmis par ces conversations deux ou trois choses que j’ai apprises au fil des ans.
Huile sur bois, 25 x 32,5 cm, 2019
Quelle est votre actualité pour la fin d’année ?
Je mets la dernière main à deux expositions consacrées à mes peintures de paysage, qui se tiendront à partir du 18 octobre au Musée royal de Mariemont en Belgique et au Salon d’art à Bruxelles, puis à deux expositions qui auront lieu en décembre chez Corraini, à Mantoue et à Milan.
Huile sur bois, 25 x 32,5 cm, 2019