Rencontre avec Stéphanie Martin Petit

Co-auteure de Street Art & Cinéma, Stéphanie Martin Petit partage avec nous son amour pour la représentation du cinéma dans l’art urbain.

Pouvez-vous me raconter l’histoire de cet engouement ?


Je suis passionnée par l’histoire du cinéma en général et par la cinéphilie en particulier. Toutes les formes de démonstration d’amour au cinéma de la part de ceux qui le regardent et le font m’intéressent. En ce qui concerne l’art urbain, j’ai commencé à m’y intéresser lorsque je vivais à Barcelone. Je m’amusais à prendre en photos les rideaux de fer des magasins que les artistes utilisent comme support pour leur travail et, au fil de mes promenades nocturnes dans la capitale catalane, j’ai accumulé plus de 2000 clichés (un livre, Barcelona Urban Art, a d'ailleurs été publié sur ce sujet en 2015). Mais une oeuvre m’a particulièrement émue dans l’élaboration de cette collection. Une artiste canadienne, Krista Bursey, a laissé son empreinte dans une petite ruelle sombre du quartier d’El Born. Il s’agit de l’affiche du film Vivre sa vie de Jean-Luc Godard, réalisé en 1962 ; j’ai trouvé cela tellement poétique de transposer une scène d’un film (et quel film !) de la salle obscure à la rue ; la rencontre de deux arts qui me passionnent tant m’a beaucoup émue. Ce moment m’a tellement marquée, que j’ai eu envie de savoir si un travail de recherche avait déjà été fait sur la représentation du 7e art dans l’art urbain. Je me suis renseignée auprès de lieux de référence en matière d’histoire du cinéma et j’ai découvert que rien, absolument rien, pas même un article de presse, n’avait été fait sur le sujet. Cela m’a d’autant plus motivée à commencer ce travail, à collecter, documenter et raconter l’histoire du cinéma vue par les artistes urbains. J’ai ensuite découvert le travail d’autres artistes qui n’ont fait que confirmer qu’une très belle histoire était à raconter.

Vous êtes également à l’origine du site Street Art + Cinéma, qui répertorie près de 2000 photographies d’œuvres urbaines inspirées du 7e art. Comment avez-vous procédé pour dénicher ces œuvres éphémères ?


Les premières œuvres venaient de ma propre collection de photographies d’art urbain et pour le reste, vive internet et les réseaux sociaux ! Je trouve des œuvres directement sur les sites ou les réseaux sociaux des artistes et beaucoup d’entre eux me les envoient ; il y a aussi de plus en plus de photographes urbains qui partagent leurs trouvailles et ceux qui suivent le projet ne manquent pas de m’envoyer leurs clichés dès qu’ils croisent quelque chose lié au cinéma sur leur parcours. Je reçois tous les jours de nouvelles œuvres.

Comment Christian Omodeo et vous-même vous êtes-vous partagés la rédaction de ce livre ?


Christian, expert en art urbain, s’est chargé de l’analyse iconographique des œuvres urbaines et des portraits plus détaillés de certains artistes ; je me suis davantage occupée de la partie liée au cinéma, notamment de la documentation des films et personnalités représentés dans l’art urbain.

Avez-vous un coup de cœur pour l’un des artistes présentés dans votre livre ?


J’en ai même plusieurs, la liste est longue. Le coup de cœur peut être dû au film auquel il est fait référence ou à la personnalité représentée, au travail visuel de l’artiste ou à l’endroit parfois improbable où il est réalisé.


Quels sont vos futurs projets ?


Je souhaite continuer à travailler assidûment sur ce projet, trouver de nouveaux artistes, de nouveaux films, de nouvelles et villes et de nouveaux pays. J'aimerais également avoir une page web adaptée à ce projet et à son évolution. Je voudrais enfin collaborer de manière plus étroite avec des festivals de cinéma et d’art urbain ainsi qu’avec des entités spécialisées en histoire du cinéma.