Du côté des graphistes #02 : Réussir son portfolio et son site web

Nous choisissons toujours avec soin les graphistes à qui nous confions un projet. Et de leur côté, ils nous le rendent bien, en réalisant une maquette sur mesure à chaque livre. Nous avons décidé de vous en dire un peu plus sur ce processus créatif à travers des rencontres avec ceux qui donnent à notre catalogue son identité graphique. 

 

Nous rencontrons aujourd'hui Vincent Gebel, qui a réalisé la maquette de Réussir son portfolio et son site web

 

Bonjour Vincent, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis graphiste indépendant depuis 10 ans et j'évolue principalement en design éditorial. J’adore les livres, quand je n'en fais pas, je suis dans une librairie ou à la bibliothèque. J’interviens sur des livres de tous types, ça va du petit projet expérimental pour un artiste jusqu’à de sobres et volumineux catalogue. L’important pour moi, c’est de transmettre le plaisir de lecture et que l’adéquation texte et graphisme propose une narration captivante. 


J’ai également une pratique de dessin. Je la développe dans l’édition—j’ai notamment réalisé les illustrations de Réussir son portfolio et son site web. Le dessin m’ouvre aussi à d’autres domaines. J’interviens ainsi dans d’autres contextes en travaillant sur des étiquettes, des fresques ou des expositions.

 



Comment s’est déroulé le brief pour ton travail sur Réussir son portfolio et son site web ?
Au top ! Céline et Christelle, les éditrices, m’ont présenté le texte. De façon étonnante, elles répondaient à mes interrogations avant que je ne les pose. Puis on a discuté de livres en général et du catalogue Pyramyd en particulier. On a été d’accord sur les livres qu’on aimait bien et rapidement le choix d’une impression en deux couleurs sur un papier bouffant s’est décidé. Ensuite on a échangé au fur et à mesure des mes recherches et j’ai été enchanté par la liberté de création qu’elles offrent, c’est hyper précieux !

Quelles ont été tes différentes étapes de travail sur cette maquette ?
La maquette intérieure a été définie relativement tôt. L’ouvrage étant principalement du texte, je voulais qu’on puisse le lire de manière très fluide. Une mise en page posée sur une colonne avec une taille de typographie confortable me semblait couler de source. En plus, Jonathan invite le lecteur à prendre des notes, j’ai donc laissé de larges marges à cet effet.


C’est pour la couverture que j’ai le plus cherché. C’est normal, c’est toujours une partie qui mérite une grande attention. Au début, je voulais mettre en valeur l’aspect numérique du titre, mais ça ne collait pas totalement au sujet. Puis, j’ai cherché du côté du cabinet de curiosité et du motif des cartons à dessin, mais le rendu était trop compliqué visuellement. Enfin, j’ai simplifié en cherchant à faire une composition de vignettes à remplir. En intégrant le titre dans ces vignettes, un système graphique fort est apparu. Il ne me restait plus qu’à trouver une association de couleur qui détonne. J’aime bien quand les couleurs vibrent, quand ça clignote presque. Le bleu-vert est assez sombre pour une lecture longue tout en étant plus joyeux qu’un simple noir. Je lui ai adjoint ce jaune acide qui flashe pour dynamiser l’ouvrage. Si vous entrez dans une librairie, vous ne mettrez pas longtemps à le repérer, on le voit de loin. Et d’ailleurs, n’hésitez pas à faire une photo et à me l’envoyer ou à me faire signe sur les réseaux, j’apprécie de découvrir mes couvertures sur les stands, de les voir cohabiter avec les autres livres.

 



Qu’as-tu mis en place graphiquement pour accompagner le ton pédagogique de ce titre ? 
Tout d’abord, j’ai tout de suite adoré le texte. J’ai trouvé les conseils et l’approche de Jonathan très justes. On sent qu’il a une grande expérience. Ce qui m’a le plus marqué, c’est son habileté à guider l’élaboration d’un portfolio pour tous les profils. À aucun moment, il ne préconise un style ou une forme. J’ai donc voulu garder visuellement cette délicatesse pour rester, comme lui, le plus ouvert possible.


Le ton du texte est clair et chaleureux. Une typographie à empattements comme la Garamond aurait donné un ton trop académique. Après plusieurs essais avec les linéales, j’ai finalement choisi l’Antique Olive de notre cher Roger Excoffon. À la fois rétro et hype, cette typographie représente bien le ton décidé et accueillant du texte.


Pour les têtes de chapitre, j’ai décliné de façon ludique le système de couverture afin de donner à chaque chapitre un motif singulier et de faciliter leur reconnaissance. J’aime bien placer des petites attentions qui créent un attachement particulier à la lecture. Ensuite, j’ai fait attention aussi à ne pas cacher les renvois dans les notes de bas de pages. Ils apparaissent ouvertement et rythment les sous parties. C’est un ouvrage de travail, ça me paraissait important de faciliter une lecture non linéaire. 


De plus, j’ai aussi eu le plaisir de réaliser les illustrations. J’ai choisi de rester factuel comme pour une notice de montage. Dessinées vectoriellement et directement depuis Indesign, j’obtiens ces images aux traits nets. Les caractéristiques de chaque reliure sautent au yeux, chacun peut faire son choix en connaissance de cause.


Enfin je suis ravi que le livre soit un dos rond, ça lui donne un vrai toucher de manuel. 

 



Finalement, d’après toi, en quoi ce livre est-il typiquement un ouvrage qui a sa place au catalogue Pyramyd ?
Ce qui m’a tout d’abord intimidé, c’était justement d’intégrer le catalogue Pyramyd. J’ai grandi graphiquement avec Pyramyd, pour moi c’est une institution ! Comprendre la typographie, Le guide du graphiste indépendant et les textes de Bruno Munari sont des piliers de ma pratique. Je conseille également souvent Mise en page(s), etc. pour tous ceux qui veulent s’initier au graphisme.

 
J’ai trouvé très fort le positionnement de Réussir son portfolio et son site web parce qu’il aborde le graphisme d’un nouveau point de vue qui est celui de l’organisation. Il complète judicieusement les autres et ne fait pas de répétition. De plus, il n’est pas réservé uniquement aux graphistes. Je pense que c’est clairement un ouvrage qui va aider les étudiants et jeunes professionnels quelle que soit leur spécialité dans les arts.