Nous choisissons toujours avec soin les graphistes à qui nous confions un projet. Et de leur côté, ils nous le rendent bien, en réalisant une maquette sur mesure à chaque livre. Nous avons décidé de vous en dire un peu plus sur ce processus créatif à travers des rencontres avec ceux qui donnent à notre catalogue son identité graphique.
Nous rencontrons aujourd'hui Caroline Moutier, qui a réalisé la maquette du Guide de la fabrication.
Bonjour Caroline, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Après des études de graphisme à l’école Estienne, j’ai démarré ma carrière en 1992 comme maquettiste dans des petites agences de communication. De 1998 à 2002, j’ai occupé des postes de rédactrice graphiste ou directrice artistique pour des magazines grand public (Monsieur Bricolage magazine, Grand écran, Réponse à tout, Questions de femmes). En 2002, je suis entrée au Groupe Moniteur comme rédactrice graphiste avant de devenir chef de studio en 2006 et de gérer huit magazines professionnels dans le domaine de la construction, dont le magazine d’architecture AMC. Depuis 2011, j’exerce en tant qu’indépendante comme designer graphique dans des domaines très divers : presse écrite (Marie France, 60 millions de consommateurs, Paris Worldwide), communication, édition et depuis peu, la signalétique. Des collaborations qui m’offrent l’occasion d’être confrontée à des problématiques très variées. Chaque projet me nourrit de nouvelles expériences et de nouveaux savoirs.
Comment s’est déroulé le brief pour ton travail sur Le Guide de la fabrication ?
Le brief de l’éditeur, les éditions Pyramyd, tenait en quatre mots : pédagogique, fonctionnel, élégant et intemporel. J’ai très vite rencontrée l’autrice, Margherita Mariano, une experte de la fabrication qui m’a expliqué comment elle avait bâti son projet. J’ai lu le manuscrit. Il a ensuite fallu que je trouve des solutions pour concevoir un design qui correspondait aux attentes de l’éditeur et de l’autrice.
Quels choix graphiques se sont rapidement imposés à toi pour ce projet ?
J’ai eu l’impression d’être un cuisinier auquel on demandait de concocter un plat savoureux avec quatre ingrédients seulement ! Il fallait ensuite que je les dose entre eux pour parvenir à un résultat équilibré, appétissant et digeste. [Rires.] Contrairement à la plupart des manuels techniques qui enchaînent des instructions, Le Guide de la fabrication est conçu sous forme d’une narration qui emmène le lecteur dans la réalisation d’un projet imprimé de A à Z. Pour éviter les ruptures visuelles, j’ai fait le choix de garder une unité de couleurs sur la totalité du livre, avec de la typographie en noir, ponctuée de touches de couleur orange. Ce choix monochrome fait la part belle aux très nombreuses illustrations collectionnées par l’autrice pour illustrer son propos. Entre chaque chapitre, j’ai choisi de faire éclater la couleur dans des doubles pages d’ouverture en utilisant les quatre couleurs basiques propres à l’impression quadrichromique, à savoir cyan, magenta, jaune et noir. Ces doubles pages, pour le coup très colorées, très visuelles, créent des ruptures qui jalonnent les étapes de réalisation. Par ailleurs, les choix de force typographique ont été complexes car d’un chapitre à l’autre, l’équilibre photos-texte courant-encadrés était très hétérogène, tout comme les longueurs de section. Cela imposait de trouver une solution de mise en page qui reste cohérente.
Peux-tu nous en dire plus sur la réalisation même de l’ouvrage ?
Dans un premier temps, j’ai coulé le texte à côté des photos pour avoir un aperçu du bon enchaînement de la narration. Ce fut l’occasion de nous apercevoir que certaines parties apparaissaient au mauvais endroit. En déplaçant des éléments, il est apparu que certains devaient être précisés par d’autres photos ou schémas techniques. Comme le texte était écrit au long, une deuxième phase de mise en page avant la pagination définitive a été nécessaire. Par ailleurs, nous avons utilisé des papiers différents et fait imprimer l’un des cahiers avec une cinquième couleur, ce qui a nécessité des calculs mathématiques pour que les cahiers se suivent de façon cohérente.
Finalement, d’après toi, en quoi ce livre est-il typiquement un ouvrage qui a sa place au catalogue Pyramyd ?
Ce livre magnifie l’expérience de l’autrice en matière de fabrication. Forte de ses compétences acquises durant quarante ans, Margherita Mariano vulgarise le travail et la collaboration que le lecteur peut avoir avec l’univers de l’impression. Elle met l’accent sur les précieux savoir-faire des imprimeurs et des photograveurs, savoir-faire qu’elle nous invite à exploiter au mieux. Elle montre aussi les résultats ratés, ce qui est très instructif. A l’ère du tout numérique, ce livre donne des bases pour comprendre la réalisation du document imprimé.