Rencontre avec Stéphane Darricau

À l'occasion de la parution de la nouvelle édition de Culture graphique : une perspective, nous avons posé quelques questions à Stéphane Darricau, son auteur. L'occasion de parler de graphisme, de livres et des éditions Pyramyd ! 

 

Bonjour Stéphane. Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton parcours ?

J’ai suivi des études supérieures de design graphique et typographique avant de me tourner vers l’enseignement, qui est sans doute ma véritable vocation. De fait, mes activités d’auteur, qu’il s’agisse d’ouvrages sur le design graphique ou d’articles pour la presse spécialisée, ont toujours été pour moi un moyen de prolonger mon métier d’enseignant par d’autres moyens.

 

Te souviens-tu de ce qui t’a motivé à écrire cet ouvrage sur la culture graphique, au moment de sa première parution ?

Ayant beaucoup lu sur le sujet, j’avais des réserves sur la plupart des titres équivalents disponibles en anglais et en français. Mon expérience d’enseignant m’a progressivement amené à repérer la nécessité d’un ouvrage spécifiquement destiné aux étudiants en design graphique, conçu comme un point d’entrée dans la culture de spécialité, un outil synthétique de découverte de ce champ, qui offre en même temps certains moyens d’approfondissement et de réflexion critique. À la même époque, il me semblait aussi que la mise en perspective historique et analytique prenait une importance accrue du fait de la multiplication des moyens de diffusion du design graphique contemporain (blogs, réseaux sociaux, etc.) dont les étudiants étaient naturellement très friands.

 

Sur quels éléments se sont portées tes révisions et mises à jour pour cette nouvelle édition ? 

Les éléments essentiels de la partie narrative sont demeurés inchangés, à part quelques corrections mineures — il était nécessaire d’opérer certaines mises à jour ponctuelles (certaines grandes figures historiques de la discipline, comme Milton Glaser, Wim Crouwel ou Armin Hofmann par exemple, avaient disparu depuis la sortie de la première édition, notamment), qui ont également été étendues à la partie “Glossaire/index biographique” du livre. La bibliographie commentée a été augmentée de façon substantielle pour refléter le nombre important de publications nouvelles, ouvrages monographiques, catalogues d'exposition ou études critiques, qui sont également apparues dans cet intervalle.

 

En tant qu’enseignant, par quelles créations conseillerais-tu à un néophyte d’aborder la culture graphique ? 

Si l’on considère l’histoire disciplinaire comme un moyen d’acquérir une culture et des compétences utiles dans la perspective d’une pratique du design graphique aujourd’hui (c’est, en quelque sorte, le “fil rouge” du livre), je citerais immédiatement : les livres réalisés par John Baskerville, William Morris et Jan Tschichold, les affiches de Lucian Bernhard, Armin Hofmann et Wolfgang Weingart, le plan du métro de Londres par Harry Beck, les pochettes de disques de Reid Miles et Peter Saville, les mises en pages d’Alexey Brodovitch et d’Emigre. Mais cette liste pourrait aussi être trois fois plus longue…

 

Les éditions Pyramyd fêtent cette année leurs 20 ans. Quel regard portes-tu sur leur catalogue, en tant que traducteur, auteur et enseignant ? 

Lorsque j’étais moi-même étudiant, les livres susceptibles de contribuer à la construction d’une véritable culture disciplinaire, historique et/ou critique, se comptaient sur les doigts d’une seule main — et ils étaient tous en anglais (quand on les trouvait). Pyramyd est parvenu, plus que n’importe quel éditeur, à imposer la présence des ouvrages de design graphique sur les rayonnages des librairies généralistes. Par ailleurs, c’est grâce à Pyramyd que les textes d’auteurs aussi importants que Rick Poynor ou Ellen Lupton ont été mis pour la première fois à la disposition du public français, parfois quelques mois à peine après leur apparition en anglais — ce qui témoigne aussi d’une réactivité et d’une efficacité exemplaires.

 

Crédit photographie : Joëlle Passeron