Emmanuelle Jay, la créativité par les mots

À l'occasion de la sortie de ses remarquables Ateliers d'écriture créative, Emmanuelle Jay évoque avec nous sa pratique d'écriture et la place que cette dernière tient dans les différents domaines de son activité. 

 

Bonjour Emmanuelle. Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ? 

Autrice et art-thérapeute, je m’intéresse à toutes les formes d’écriture, qu’elle soit artistique, thérapeutique ou créative. Venant de l’univers du cinéma (j’ai été monteuse de film pendant 15 ans), je travaille aujourd’hui avec l’écriture comme une pratique artistique, une forme d’expression offrant un espace de créativité à la fois individuel et collectif. Je partage ma vie professionnelle entre « Images & Mots » une association spécialiste de l’écriture créative que j’ai fondée et pour laquelle je crée et j’anime de nombreux ateliers, et une activité d’art-thérapeute et de psychanalyste. Je reçois en cabinet pour des psychothérapies à médiation artistique incluant un passage par l’écriture.

 

Pourquoi as-tu décidé d’écrire cet ouvrage ?  

J’avais envie, je crois, de partager ma passion pour la créativité par les mots parce qu’elle continue de m’émerveiller en atelier même après plusieurs années. Cette créativité me semble infinie et inépuisable. Que ce soit avec les enfants, les adolescents ou les adultes, la richesse des univers explorés et des mots inventés m’enthousiasme toujours. Mais j’avais également envie d’apporter une touche particulière au domaine de l’écriture créative : celle d’une écriture artistique (en particulier inspirée par les autres arts) et d’une pratique sensorielle (émanant du corps).  De nombreuses personnes viennent en atelier pour travailler le potentiel émotionnel de leurs écrits, et il me semble qu’une des manières d’y parvenir est de travailler sur l’esthétique et les 5 sens. L’idée de cet ouvrage est donc la suivante : c’est en expérimentant une écriture des sens et en travaillant sur l’esthétique du texte que se transmettent naturellement le mieux les émotions dans un texte.

 

Un livre peut-il à tes yeux remplacer un atelier d’écriture, l’enrichir, le compléter ? 

Ce livre, je l’espère, donnera envie aux lecteurs et aux lectrices de franchir la porte d’un atelier. Il donne un aperçu du travail qui peut s’y produire même s’il n’offre pas cette publication symbolique qu’est la lecture du texte en atelier. Ce livre est à la fois un préambule et une extension, une manière aussi de comprendre comment passer d’une consigne d’écriture à un outil mobilisable à tout moment. Mais comme en atelier, sa mission première est peut-être aussi tout simplement de retrouver le plaisir d’écrire et d’écrire plus librement. C’est là tout le paradoxe de la contrainte libératrice. C’est parce qu’il y a proposition d’écriture que s’enracine quelque chose de plus singulier.

 

En tant qu’autrice, y a-t-il une des « touches » du livre que tu utilises plus qu’une autre ? 

Pour être tout à fait honnête, je pense utiliser principalement la touche amoureuse… et certainement aussi la touche picturale. Mais, les outils présentés dans le chapitre dédié à la touche cinématographique sont également des outils presque automatiques pour moi en raison de mon travail de monteuse qui n’est autre que celui d’une écrivaine des sons et des images. La touche musicale est une découverte précieuse des ateliers d’écriture. Sensibilisée au travail du son au cinéma, j’ai toujours eu envie de voir comment on pouvait le traiter dans l’écriture. Enfin, les touches gourmandes et olfactives proviennent de ma formation à l’écriture thérapeutique dans laquelle on utilise souvent les stimuli à gouter ou à sentir.

 

Quels sont tes projets en cours et à venir ? 

J’envisage de créer une formation à l’atelier d’écriture créative à destination d’un grand public qui souhaiterait animer des ateliers à l’école ou en bibliothèque. Et peut-être plus tard d'écrire un ouvrage sur l’écriture thérapeutique.

 

Photo © Marina Gusina