On aime travailler avec... #15 : Aurélien Ivars

Nous recevons aujourd'hui Aurélien, qui a traduit plusieurs titres pour le catalogue Pyramyd. 

 

Peux-tu nous résumer ton parcours professionnel et ce qui t’a conduit à la traduction ?

 

Quand j’étais étudiant, après avoir fait une licence de Langues Étrangères Appliquées et une année Eramus dans une petite ville catalane, mon cœur balançait entre une réorientation dans une école d’art & design à Barcelone et la poursuite d’un master de traduction. Admis à l’ESIT (l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs, à Paris), c’est vers les mots plus que vers les images que je me suis tourné.

Après diverses expériences professionnelles dans le secteur de la traduction, je me suis installé en indépendant, à Lyon. J’ai d’abord traduit des textes plutôt techniques et scientifiques, puis j’ai renoué avec mon intérêt pour la culture visuelle en traduisant des textes consacrés au graphisme, au design, à l’architecture et à la photographie (que je pratique depuis longtemps en tant qu’amateur), pour des musées, des revues spécialisées et des maisons d’édition.

Depuis 2 ans, je donne aussi quelques cours à l’université Lyon 3, dans le master de traduction.

 

Qu’est-ce que tu préfères dans l’activité de traducteur ? 

 

Le mieux, c’est de traduire des sujets qui nous passionnent, pour être sûrs de s’y connaître. Mais quel que soit le texte, on découvre toujours beaucoup de choses, c’est très enrichissant. Quand on traduit, on traverse vite une multitude de disciplines, car rien n’est jamais vraiment cloisonné. Quand on parle d’architecture, on peut parler de science des matériaux comme de sociologie et d’urbanisme. Quand on écrit sur la photographie, on aborde la chimie ou le numérique, mais aussi les modes de représentation du réel, la domination par l’image ou même la contre-culture du web. On peut passer de la référence la plus mainstream aux connaissances les plus pointues.

Quoi qu’il en soit, il y a toujours une dimension culturelle, et c’est là que le traducteur doit intervenir avec une grande sensibilité. Avec des marges de manœuvre parfois très étroites, il faut faire voyager le discours original et l’intention de l’auteur vers un autre panorama, celui de la culture du lecteur. Il faut donc faire des choix linguistiques, conceptuels, esthétiques. Des choix que jamais un algorithme ne pourra justifier, expliquer, vulgariser, ou bien décliner selon le type de lectorat ou le support de publication, par exemple. Même si actuellement, on préfère financer l’« intelligence » artificielle plutôt que l’intelligence humaine.

Ce que j’aime aussi beaucoup, c’est rencontrer mes consœurs et confrères, grâce à l’action d’associations professionnelles comme l’ATLF ou la SFT. C’est toujours surprenant de voir à quel point notre profession est diverse, tant dans les langues pratiquées que dans les sujets traduits.

 

Y a-t-il une spécificité à traduire des ouvrages Pyramyd ?

 

Les ouvrages Pyramyd parlent de culture visuelle, il faut donc évidemment se référer aux images. Et quand il s’agit de design ou d’architecture, il faut comprendre les volumes en question, car on ne décrit pas les choses selon la même logique d’une langue à une autre. La recherche et la documentation ont donc une importance toute particulière, car les choix iconographiques d’un livre ne peuvent pas représenter tout ce que dit l’auteur, et au-delà des mots, c’est toujours le sens, l’intention qu’il faut chercher. C’est un travail d’enquêteur pour remonter aux sources visuelles du texte.

Les références culturelles et les tournures idiomatiques sont également omniprésentes, et c’est souvent le plus délicat (et le plus intéressant !) à traduire. Par exemple, dans 39 étapes pour réaliser votre propre film, qui est d’abord un manuel didactique pour apprendre à tourner un film, chaque illustration s’accompagne d’une légende où l’auteur fait des jeux de mots liés à des scènes cultes ou à des points techniques précis. Ce n’est qu’en prenant le texte et le contexte en compte (un chapitre sur la prise de son) que l’on peut imaginer traduire « Rock the Mic » par « Le silence est d’or, le micro d’argent ». Une traduction est toujours spécifique à son contexte.

 

Quel est ton favori au catalogue des éditions Pyramyd ?

 

Je viens de recevoir La voix des femmes, et c’est toujours une joie de voir son travail imprimé ! Traduire ces biographies de femmes d’origines et d’époques très variées a été passionnant. Et pour citer un livre sur lequel je n’ai pas travaillé, ce serait Comprendre la typographie d’Ellen Lupton, traduit par Stéphane Darricau. Toute l’anatomie des lettres et des textes y est détaillée. C’est une bonne référence pour les personnes qui s’intéressent à la typographie et à son vocabulaire technique.