Nous avions déjà interrogé Margherita Mariano sur son rapport aux livres. C'est aujourd'hui en tant qu'autrice du Guide de la fabrication qu'elle répond à nos questions.
Bonjour Margherita. Peux-tu te présenter en quelques mots et nous parler de ton parcours dans la fabrication ?
Cela fait maintenant plus de 35 ans que je travaille dans le domaine de l'imprimé. On peut dire que je suis tombée dans la fabrication par hasard, pensant prolonger ma passion pour la littérature et l’histoire de l’art… J’ai vite compris que les livres ne poussaient pas sur les arbres, déjà sous cellophane !
Titulaire d'un master de littérature française auprès de l’université de Naples, j'ai commencé à apprendre le métier au sein du groupe Mondadori, dans une immense imprimerie de Vérone. J'ai ensuite travaillé pour Arbook (studio de création spécialisé dans le beau livre) et pour les éditions EPA avant de créer ma première société, Colourscan France, filiale de la plus grande photogravure au monde basée à Singapour.
Parallèlement, j'ai travaillé avec des imprimeurs. Flammarion m'a confié les premiers travaux de suivi intégral de fabrication en tant que free lance. En 1998, j'ai créé Ex Fabrica pour assumer cette fonction, qui a fini par prendre une certaine place dans mon quotidien. J'ai assuré des missions ponctuelles ou de plusieurs années auprès d'artistes ayant besoin d’un accompagnement, de petites maisons d’édition ou de grandes entreprises (Textuel, Le Palais de Tokyo, etc.).
Quel défi a représenté l’écriture de ce livre ?
Écrire un livre sur un sujet qui est son travail au quotidien a des aspects pratiques : on arrive au bureau, on écrit une heure chaque matin et on vérifie les livres que l’on a fabriqués avec leurs particularités et leurs défauts. On les photographie au passage et cette infusion dans le concret permet de générer une rédaction très concrète.
Cela a été plus difficile de trouver l’angle d’attaque et la philosophie globale. Heureusement, des amis experts et bienveillants m’y ont aidée avec quelques brainstormings préalables à la rédaction.
Comment t’es-tu organisée pour mener à bien ce projet ?
Deux confinements sont arrivés à pic pour refaire une première mise en forme de l'ensemble (confinement 1) et retravailler par le menu chaque détail avec mes chères éditrices Christelle Doyelle et Céline Remechido, à distance ( confinement 2). Des visio-conférences quasi quotidiennes avec la graphiste Caroline Moutier ont permis de faire du cousu-main dans le processus de mise en page.
En tant que cheffe de fab, es-tu satisfaite de la réalisation du livre ?
Oui, je trouve que le livre est conforme à mes attentes en termes techniques. Il s’agit d’une production au budget généreux mais sans dépenses inutiles, et les images sont bien restituées. Le format et la couverture me plaisent beaucoup, car tout se répond entre le fond et la forme.
Quels sont les trois conseils primordiaux que tu livrerais à quelqu’un qui découvre le milieu ?
Observer ; poser toutes les questions qui vous passent pas la tête, même celles qui vous paraissent stupides (rien ne coule jamais de source dans la fabrication) ; et trouver le bon équilibre entre raison et ambition (faire le plus beau possible avec les moyens du bord).
© Photo : Olivier Dion