Rencontre avec Evelyne Muespach

Le point de vue des acteurs de la diffusion éclaire de façon passionnante le monde du livre d'aujourd'hui. C'est pourquoi, après notre rencontre avec Catherine Travers, nous avons décidé d'interroger une autre représentante chez Harmonia Mundi livre. 

 

Bonjour Evelyne. Peux-tu te présenter et nous décrire ton parcours ? 

 

Je suis Evelyne Muespach, représentante Harmonia Mundi livre depuis deux ans. J’ai un parcours de représentante plutôt classique : des études de lettres modernes, un master « Monde du livre » (à Aix-en-Provence) avant d’avoir été libraire à mon compte en Alsace. J’ai tenu bon deux ans avant de fermer cette toute petite librairie que j’avais créée avec beaucoup d’entrain – et d’insouciance ! Je suis ensuite passée de l’autre côté – celui de la diffusion – d’abord chez Bayard, puis chez Harmonia.

 

En quoi consiste le métier et le quotidien d’une représentante ? 

 

Beaucoup de lectures, de voiture et de café ! Le plus gros du travail est tout ce qui ne se voit pas : préparer les programmes et organiser une tournée. Je n’ai en moyenne qu’une heure par librairie pour présenter un ou deux programmes, soit environ 140 titres. Tout l’enjeu est donc de trouver les quelques phrases qui feront mouche, qui expliqueront le projet d’un éditeur/d’un titre au libraire tout en lui donnant envie : cela nécessite d’en savoir vingt fois plus sur un ouvrage que ce qu’on en dit. Organiser la tournée est beaucoup plus logistique : il s’agit de trouver un cheminement géographique logique sans s’épuiser. Les premiers mois sont difficiles, mais on trouve vite un rythme de croisière.

Ensuite, trois à quatre rendez-vous en moyenne dans une journée durant lesquels on répète essentiellement la même chose, tout en devant convaincre à chaque fois. Cela demande beaucoup d’énergie mais c'est aussi tout le cœur du métier : s’adapter au libraire, à ce qu’il aime, à ce qu’il porte, à sa clientèle. On fait un travail de tri en amont aussi, on sait ce qui plaira plus au moins à un libraire, ce dont il pourra s’emparer. Au fur et à mesure des tournées, une confiance s’installe généralement qui rend le rendez-vous plus fluide, et qui nous autorise à être plus poussif sur un titre – il ne s’agit jamais de forcer quoi que ce soit, on revoit le libraire toutes les cinq semaines, impossible de lui « vendre » du mauvais ! 

Le représentant est vraiment le lien entre l’éditeur et le libraire : charge à nous de transmettre le mieux possible ce que l’éditeur attend, tout en prenant en compte la spécificité de chaque libraire avec lequel on travaille.

 

Quelle est la place du beau-livre et du livre autour de l’art en librairie ? 

 

Cela dépend beaucoup des librairies et des libraires : le beau-livre nécessite d’être soutenu par un rayon suffisamment grand ou par un libraire qui s’y connaisse réellement. Les petites librairies plus « familiales » ont tendance à ne le travailler qu’en fin d’année, leur clientèle étant plutôt récalcitrante à dépenser plus de 30 € dans un livre. Au contraire, certaines libraires font le pari du livre autour de l’art pour se démarquer, pour montrer aussi que le livre peut être un support de l’art et un bel objet (et pas toujours à des prix trop élevés).

 

Quelle est à tes yeux la spécificité du catalogue Pyramyd ? 

 

Un mélange parfaitement dosé entre le « grand public » et le spécialisé. Je trouve que les ouvrages sont toujours d’une très grande exigence, tout en évitant le côté snob ou « d’entre-soi ». L’art y est toujours présenté comme quelque chose de palpable pour tous, expliqué, trituré, pour que n’importe qui puisse se l’approprier. Le catalogue reflète cette envie de s’intéresser à tout de façon à la fois sérieuse, parfois décalée, souvent ludique – les prix en sont aussi une illustration parfaite.

En un mot, pour moi, Pyramyd est très pop-culture !

 

Quels sont tes « chouchous » dans notre catalogue ? 

 

La collection « Le livre qu’il vous faut pour réussir » reflète parfaitement ce que j’aime chez Pyramyd : une forme de carnet, un prix abordable, et une grande exigence de qualité dans le contenu. Et si je peux citer quelques coups de cœur, en vrac : L'Oracle de l'art, L'Oracle féministe, Fais-toi un mec (du crochet décalé pour initiés, c’est du génie !), Street art mon amour.